dimanche 19 mai 2013

Syrie : Paris refuse la présence de l’Iran à la Conférence internationale sur la Syrie

La France ne veut pas que l’Iran participe à la conférence internationale en projet sur la Syrie, a affirmé vendredi le ministère français des Affaires étrangères, alors que Moscou, allié de Damas, a demandé au contraire la présence de cet autre grand soutien du régime syrien.

"En ce qui nous concerne, en tous les cas, (nous ne voulons) pas l’Iran" à la conférence souhaitée par Moscou et Washington et prévue pour le mois de juin à Genève, a souligné le porte-parole du Quai d’Orsay, Philippe Lalliot, lors d’un point-presse.

"La crise syrienne, par contagion, touche toute la zone. Il y a un enjeu de stabilité régionale, on voit mal qu’un pays (l’Iran) qui représente une menace pour cette stabilité participe à cette conférence", a-t-il ajouté.
La Russie a affirmé jeudi qu’elle voulait que l’Iran et l’Arabie Saoudite soient invités à la conférence, considérant ces pays comme deux acteurs clés pour trouver une solution politique à la crise syrienne.

L’Iran n’avait pas participé à la réunion de Genève de juin 2012 qui doit constituer la base des prochaines négociations. Le médiateur d’alors Kofi Annan avait proposé sa présence mais les Etats-Unis et la France s’y étaient opposés.

"Chacun exprime ses positions aujourd’hui. On va essayer de les rapprocher pour permettre que se tienne cette conférence avec les bonnes personnes, dans le bon format, pour qu’elle soit utile et efficace", a déclaré M. Lalliot.

Il a aussi reconnu que la question du choix des interlocuteurs syriens pour négocier était un point clé pour la réussite de cette réunion. Le principal enjeu de cette conférence est en effet de réunir des représentants de l’opposition et du régime syriens autour d’une même table, et donc de trouver des interlocuteurs acceptés par les belligérants et leurs soutiens respectifs.

"Pour nous, il est clair que la Coalition nationale syrienne (CNS), reconnue comme le seul représentant légitime du peuple syrien, est au coeur de la négociation. Mais nous ne serons pas intrusifs au point de coucher sur le papier les noms de ceux qui représenteront l’opposition aux négociations. C’est à elle de faire ses choix", a déclaré M. Lalliot. Paris est un des principaux parrains de la CNS, qu’il a le premier reconnue comme représentant légitime du peuple syrien.

En ce qui concerne les représentants du régime, il faut "qu’ils n’aient pas de sang sur les mains", a-t-il réaffirmé.

Selon un haut responsable français sous couvert d’anonymat, Moscou a dressé en accord avec Damas une liste de cinq noms pour les négociateurs côté régime, mais certains sont jugés "inacceptables" par Paris.
"La base de la négociation, ce sont les principes arrêtés à Genève 1", a également souligné M. Lalliot.
L’accord de juin 2012 signé par les représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité - Etats-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne -, des pays représentant la Ligue arabe, et l’Union européenne, prévoit la mise en place d’un "gouvernement transitoire disposant des pleins pouvoirs" et agréé par "consentement mutuel" (entre opposition et régime), mais reste muet sur le sort du président syrien Bachar al-Assad. Le texte n’a jamais été appliqué en raison des divergences d’interprétation sur ce point.
"En aucune manière, Assad ne fait partie de la solution", a répété M. Lalliot.

Plusieurs réunions internationales consacrées à la Syrie sont prévues dans les jours qui viennent. Mercredi une réunion du groupe restreint des "Amis de la Syrie" (hostiles au régime de Damas) se tient à Amman, et pourrait être suivie d’une autre réunion à Paris, selon le Quai d’Orsay.

Le 23 mai, l’opposition syrienne se réunit à Istanbul pour élire ses dirigeants et se prononcer sur sa présence et ses représentants à la conférence internationale. Le 27 mai enfin, les 27 pays de l’UE doivent se prononcer sur la levée ou l’assouplissement de l’embargo sur les armes à destination de la Syrie.

(17-05-2013)

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