jeudi 16 mai 2013

Syrie : l’Assemblée générale de l’ONU dénonce "l’escalade" de Damas

L’ONU a condamné mercredi "l’escalade" des attaques menées par le régime de Damas dans le conflit syrien, au moment où la rébellion promettait de punir les auteurs d’exactions après le tollé suscité par une vidéo montrant un insurgé éviscérant un soldat.

Dans une résolution, l’Assemblée générale de l’ONU dénonce "l’escalade continue" des attaques de l’armée syrienne et ses "violations flagrantes et systématiques" des droits de l’homme.

Elle se félicite également de la création de la Coalition nationale de l’opposition, la qualifiant d’"interlocuteur effectif et représentatif nécessaire à une transition politique".

Cette résolution non contraignante a une portée symbolique. Elle a recueilli beaucoup moins de suffrages qu’un précédent texte de l’Assemblée sur la Syrie. La Russie a voté contre, comme la Chine, l’Iran, Cuba, la Corée du Nord et le Nicaragua.

Le texte appelle "toutes les parties à cesser immédiatement toute forme de violence, y compris les actes terroristes" et à participer à une "transition politique" basée sur la déclaration de Genève du 30 juin 2012, qui prévoit un gouvernement de transition.

La Coalition de l’opposition a immédiatement salué cette résolution, y voyant "un message clair au régime de Bashar al-Assad pour qu’il arrête sa répression sauvage de la révolte" en Syrie.

Le représentant russe à l’ONU Alexander Pankin a de son côté affirmé que cette résolution "partiale" allait compromettre les efforts américano-russes pour organiser une conférence internationale. La représentante américaine Rosemary DiCarlo a estimé au contraire qu’elle était "compatible avec (cette) initiative".

"Nous comptons nous appuyer sur ce vote pour, dans les semaines à venir, contribuer à faire avancer une solution politique", a pour sa part déclaré le ministère des Affaires étrangères français.

Sur le front diplomatique, Washington a précisé les contours d’une conférence internationale sur la Syrie qui pourrait se tenir en juin à Genève.

Moscou et Washington ont appelé à cette conférence pour trouver une solution politique à un conflit qui a fait plus de 94.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Washington a appelé M. Assad à venir s’asseoir à une table de négociations avec la rébellion, mais a fait savoir qu’il ne pourrait pas participer à un futur gouvernement de transition.

Or le régime syrien a exclu toute discussion sur le sort du chef de l’Etat, estimant que cette question était du ressort "du peuple syrien et des urnes", en référence à la présidentielle de 2014. L’opposition a, elle, fait du départ de M. Assad une condition sine qua non pour tout règlement.

Après un entretien avec le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le Premier ministre britannique David Cameron a de son côté estimé qu’il fallait "faire pression d’urgence" sur les deux camps pour qu’ils proposent des personnalités susceptibles de participer à un gouvernement de transition.

Après la diffusion d’une vidéo montrant un insurgé découpant le coeur et le foie d’un soldat syrien mort, la rébellion a vivement condamné ces actes : "Le coupable sera puni sévèrement même s’il s’agit d’un membre (de la rébellion)", a indiqué le commandement de l’état-major de l’Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la rébellion.

Il a annoncé une enquête et assuré que "les auteurs" seraient arrêtés et jugés.

Interrogé via Skype par le magazine américain Time, le rebelle en question assure avoir agi de la sorte après avoir découvert dans le téléphone portable du soldat tué des vidéos montrant ce dernier "humiliant" une femme nue et ses deux filles.

Sur le terrain, l’armée tentait de repousser un assaut des rebelles contre la prison d’Alep, où sont détenus des milliers de personnes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

A Damas, une personne a été tuée par l’explosion d’une bombe magnétique fixée à une voiture sur la place ultra-sécurisée des Omeyyades et au moins quatre personnes ont été tuées dans des bombardements de l’armée sur le secteur du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk.

Des combats avaient aussi lieu dans les provinces de Damas, Hama et Homs (centre), Idleb (nord-ouest) et Deraa (sud).

Deux projectiles tirés de Syrie sont tombés dans un secteur du mont Hermon, point culminant du Golan occupé par Israël, sans faire de victime, selon l’armée israélienne.

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