dimanche 12 mai 2013

Syrie : l’armée tente de rouvrir une route clé entre Alep et Hama

L’armée syrienne tentait samedi de rouvrir une voie d’approvisionnement clé entre les villes de Hama (centre) et Alep (nord) prise la veille par les rebelles, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

"Des combats acharnés opposent les rebelles à l’armée, qui tente de rouvrir une route stratégique entre Alep et Hama" que les insurgés sont parvenus à couper après avoir pris deux barrages vendredi, a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahman, directeur de l’OSDH.

Depuis plusieurs jours, des affrontements secouent cette route liant les deux métropoles, surnommée la route du Désert car elle traverse une région désertique.

L’armée utilise principalement cette route pour envoyer ses approvisionnements vers la province d’Alep, contrôlée en majorité par les insurgés.

Les violences ont fait 95 morts en Syrie vendredi —45 rebelles, 32 civils et 18 soldats—, selon un bilan de l’OSDH qui s’appuie sur un large réseau de militants et de sources militaires et médicales.

La Russie, qui soutient le régime, et les Etats-Unis, qui appuient l’opposition, se sont entendus pour inciter Damas et les rebelles à s’asseoir autour d’une table et ont plaidé pour l’organisation "au plus vite" d’une conférence internationale sur la Syrie, même si des divergences persistent.

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Des experts doutent d’un terrain d’entente entre Washington et Moscou
Sous la pression d’un lourd bilan humain et d’une probable utilisation d’armes chimiques en Syrie, Washington s’est rapproché de Moscou en vue d’un règlement politique de la guerre dans ce pays, mais les divergences entre les deux pays nourrissent le scepticisme d’experts.

L’exécutif américain a relancé la Russie, protecteur du régime du président syrien Bashar al-Assad, afin de tenter de trouver une solution à un conflit entré dans sa troisième année qui a fait entre 70.000 et 100.000 morts, selon le secrétaire d’Etat John Kerry, et menace de s’étendre à la région tout entière.

Le chef de la diplomatie américaine a rencontré mardi à Moscou le président Vladimir Poutine et son homologue Sergueï Lavrov.

La Russie et les Etats-Unis se sont entendus pour inciter Damas et les rebelles à s’asseoir autour d’une table et ont plaidé pour l’organisation "au plus vite" d’une conférence internationale sur la Syrie.

Cette réunion, qui pourrait se tenir fin mai à Genève, relance le processus dit "de Genève" conclu le 30 juin 2012 entre les grandes puissances et qui prévoit l’organisation d’une transition politique en Syrie, sans trancher clairement sur le rôle de Assad.

Moscou refuse d’ailleurs toujours de le lâcher et a confirmé vendredi une livraison d’armements de guerre à Damas.

De leur côté, les Etats-Unis ont paru légèrement infléchir leur position quand M. Kerry a laissé entendre à Moscou que son pays ne faisait plus du départ du président syrien une condition préalable à la mise sur pied d’une autorité de transition.

Il a ensuite réaffirmé à Rome que Assad devait partir, mais sans dire quand.

"Ce qui a changé, c’est que nous voulons, comme les Russes, travailler très dur pour obtenir que les deux parties (pouvoir syrien et rebelles) s’assoient à la même table et appliquent ce plan", a expliqué le porte-parole du département d’Etat, Patrick Ventrell.

"L’accord de cette semaine sur une conférence de paix fait progresser d’un pas la formule de Genève, mais qu’est-ce qu’un pas de plus dans quelque chose qui n’a aucune signification ?", ironise Stephen Sestanovich, spécialiste de la Russie au groupe de réflexion "Council of Foreign Relations" de Washington.

"La vraie question est de savoir si les Russes sont prêts à dire à Assad et ses soutiens que les jeux sont faits pour leur régime", explique-t-il.

"Il y a des tentatives qui ont lieu en ce moment, mais ne je pense pas que les positions (de Moscou et Washington) aient tellement changé", lui fait écho Salman Shaikh, directeur du Brookings Center de Doha, en qualifiant "d’acrobaties verbales" les déclarations de la Maison Blanche et du département d’Etat.
"Même si cette activité diplomatique existe, c’est la situation sur le terrain qui continuera à être prépondérante", explique M. Shaikh à l’AFP.

Obama, de son côté, s’est défendu d’être inerte et a fait remarquer cette semaine qu’il n’existait pas de "réponses faciles", deux semaines après que son administration eut évoqué pour la première fois le recours probable d’Assad à des armes chimiques.

Bien qu’il ait assuré qu’une telle utilisation serait de nature à changer "la règle du jeu", Obama a multiplié les bémols depuis lors, affirmant que les preuves n’étaient pas encore suffisantes. Il a aussi expliqué qu’il n’était a priori pas question d’envoyer des soldats américains sur place.

L’administration américaine est hantée par le précédent de 2003, lorsque l’ancien président George W. Bush avait lancé l’invasion de l’Irak sous le prétexte d’"armes de destruction massive" qui n’ont jamais été retrouvées.

Tout en poussant la Russie à retirer son soutien au régime, les Etats-Unis craignent les conséquences pour la Syrie et la région d’une chute brutale du régime Assad, déjà apparentes avec l’entrée d’Israël et du Hezbollah dans le conflit actuel.

Faire face à un tel vide, comme en Irak en 2003, signifierait pour les Etats-Unis être "prêts à dépenser 1.000 milliards de dollars, (envoyer) 160.000 soldats et (subir) 6.000 morts", a résumé le vice-président Joe Biden dans un entretien publié jeudi.

(11-05-2013)

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