La ville d’al-Quds en 2012 : analyse de la situation
Institution Internationale al-Quds (QII)
Ce rapport rédigé par l’Institution Internationale al-Quds décrit les
grandes lignes de la politique de l’occupation au cours de l’année 2012
vis-à-vis de la ville – capitale de la Palestine, des lieux saints et
de la population maqdisie. Celle-ci résiste, seule, par des moyens
rudimentaires, la crise politique palestinienne pesant de tout son poids
pour empêcher une quelconque résistance massive et conséquente.
S’ajoute à la situation palestinienne le silence ou la connivence de la
« communauté internationale » qui a décidé que la force militaire
pouvait décider du sort des peuples colonisés, alors qu’elle abreuve le
monde, par les ondes et les images, de ses exploits « humanitaires ».
[Seule la première partie du rapport a été traduite.]
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L’année 2012 a été marquée par une accentuation de la judaïsation de
la ville d’al-Quds et de la mosquée al-Aqsa, que ce soit par les
incursions répétées contre la mosquée ou la construction effrénée de
colonies dans la ville palestinienne occupée. Le projet de judaïsation
vise à transformer la ville en une vlle exclusivement juive, tant par la
religion, la culture, la langue et la construction, et à en faire la
capitale de l’Etat sioniste, ou même la capitale juive du « peuple
juif », du nom de Urshalim. Ce projet porté par toutes les institutions
de l’Etat est commun à toutes les formations politiques, il bénéficie du
soutien international et du soutien de tous les sionistes dans le
monde, juifs ou chrétiens, qui le financent très largement.
De l’autre côté, les maqdisis tentent de préserver leur entité et leur
existence en tant que société, en préservant leur identité, leur langue
et leur culture, tout comme ils tentent de protéger leurs lieux saints,
musulmans et chrétiens. Leur résilience n’est ni méthodique, ni
organisée, elle n’est pas portée par une direction politique et ne
bénéficie que d’un soutien verbal. Seul le soutien des Palestiniens
vivant dans les territoires occupés en 48 permet aux Maqdisis de
résister et de défendre leur présence dans la ville – capitale de la
Palestine.
Sur le terrain
La mosquée al-Aqsa : lutte autour de l’exclusivisme musulman
Après avoir réalisé la difficulté de détruire la mosquée pour construire
un temple juif sur ses ruines, les milieux sionistes ont adopté un plan
plus « réaliste » consistant à le partager. Au cours de l’année 2012,
des pas importants ont été pris dans ce sens. Au mois de septembre
dernier, le député sioniste Eldad propose la discussion d’un plan de
partage de la mosquée à la Knesset, ce plan consistant à réserver 9
heures par jour aux musulmans dans la mosquée, et 9 heures aux juifs,
pendant lesquels les musulmans devraient sortir de la mosquée, le
vendredi serait réservé aux musulmans et le samedi aux juifs. Bien que
le président du parlement sioniste ait préféré reporter la discussion
pour éviter des tensions, c’est la première fois que le projet de
partage de la mosquée est dit de manière aussi claire. D’autre part, les
milieux sionistes oeuvrant pour la construction d’un temple juif à la
place de la mosquée ont accentué leur présence dans la mosquée,
quotidiennement, de manière à ce qu’une telle pratique devienne normale,
en préparation à la demande d’un « droit » sur la mosquée. Soldats en
tenue militaire, policiers, services de renseignement, touristes ou
religieux, tous font des incursions protégés par la police sioniste.
6881 colons ont mené des incursions dans la mosquée au cours de l’année
2012, 3950 soldats en tenue militaire, 284 .906 touristes étrangers, ce
qui fait une moyenne de 810 juifs ou chrétiens par jour qui pénètrent
dans la mosquée dans le but de disputer l’exclusivime musulman sur la
mosquée.
Pour compléter le plan de judaïsation de la mosquée, les autorités
sionistes tentent de judaïser également tout l’espace qui l’entoure, la
vieille ville (intra-muros) et les alentours. Un grand nombre de sites
juifs est en cours de construction autour de la mosquée. Il a été décidé
en 2012 de construire un bâtiment à caractère juif à l’extrême ouest de
la place al-Bouraq, et une synanogue, à 200 mètres seulement de la
mosquée, un centre juif à la place du parking appartenant au couvent des
Arméniens, à l’ouest de la vieille ville, le centre « Jaafati », en
face de l’enceinte sur de la vieille ville, un autre centre pour les
visiteurs et l’étude de la Torah à Selwan, tous ces sites devant assurer
le caractère juif de la ville palestinienne occupée.
Les forces de l’occupation visent également la destruction de la colline
des Maghariba pour modifier tout l’espace qui entoure la mosquée, du
côté ouest, sud et est, en construisant une synanogue au-dessus de
l’école historique Tankaziya. L’occupation a tenté de détruire la
colline en novembre 2011, mais la réaction populaire l’a contraint à
stopper son projet. La municipalité sioniste essaie à présent de faire
pression pour briser le gel du projet. Elle a entamé de manière
progressive sa destruction, dès le 22 mai 2012, mais attend le « feu
vert » du gouvernement pour ôter ce qui en reste et construire un pont
en fer.
Le projet de judaïsation de la mosquée al-Aqsa touche également les
souterrains, où les autorités de l’occupation creusent le sous-sol, des
canaux et des salles, pour fonder une ville souterraine juive. Le nombre
de sites de creusement s’élèvait, au mois de septembre 2012, à 47
sites, sur les côtés ouest, sud et nord de la mosquée.
Résistance
Pour prévenir la prise de la mosquée al-Aqsa, face aux nombreuses
incursions, la présence continuelle dans la mosquée fut le moyen le plus
usité. Les cours d’étude dispensés dans la mosquée, pour les étudiants
d’al-Quds et des Palestiniens de 48, ont constitué un bouclier de
protection. Lorsque l’occupant a interdit les cours et empêché les
étudiants d’y parvenir, en délimitant l’âge des fidèles, ce furent les
excursions des élèves âgés de moins de 12 ans le seul moyen pour
affronter la présence des juifs dans la mosquée. Quoiqu’il en soit, la
présence constante de fidèles fut la seule protection pendant l’année
2012.
Malgré les pressions, les équipes des Awqaf sont parvenues à ouvrir à
nouveau le dôme al-Silsila, après l’avoir rénové avec une participation
turque, et ont poursuivi la rénovation du dôme du Rocher de l’intérieur,
malgré les protestations des juifs extrémistes.
Les Maqdisis affrontent les pressions
Les autorités de l’occupation poussent les Maqdisis à l’exil
« volontaire ». En 2012, les pressions se sont accrues dans le sens
suivant : – paupérisation des habitants d’al-Quds, passant de 60% (2008)
à 77% (2010) des familles maqdisies vivant en-dessous du seuil de la
pauvreté. Les chiffres indiquent que 75% des familles maqdisies sont
endettées envers la municipalité de l’occupation, qui les poursuit pour
leur faire payer impôts et amendes. – La fermeture du barrage de Ras
Khamis le 19/9/2012 qui relie les banlieues au nord d’al-Quds à la
partie de la ville enfermée par le mur, et la poursuite de la
construction du mur à sa place, afin de faire du barrage installé à
She’fat une voie de passage « international » pour 55.000 maqdisis
vivant dans les quartiers nord, ce qui signifie en clair que les
habitants doivent ou bien se déplacer pour vivre à l’intérieur de la
zone fermée par les murs ou se passer de leur droit de vivre dans leur
ville. – Les extrémistes juifs ont mis la main sur de nouveaux terrains à
l’intérieur des quartiers arabes. La police sioniste a expulsé les P
alestiniens de maisons à Tour, à Bayt Hanina et Jabal al-Mukabber pour
les remettre à des colons qui prétendent qu’elles leur appartiennent.
Ces nouvelles expropriations s’ajoutent à celles de Selwan, de Ras
el-Amoud et la vieille ville, où la police de l’occupation est
constamment présente.
Il faut noter également la recrudescence des crimes haineux et des
agressions sauvages de la part des colons contre les Maqdisis. 17
agressions ont eu lieu en 2012, la plus grave étant celle qui a atteint
Jamal Joulani, agressé par 40 jeunes juifs dans un centre commercial le
16/8/2012.
Les lieux saints chrétiens ont également été les cibles des agressions
israéliennes. Des fortes pressions s’exercent sur le patrimoine de
l’église orthodoxe, qui a été mis sous séquestre, prétextant les dettes
de l’église envers la compagnie d’eau, alors que depuis les temps
ottomans, les lieux saints sont dispensés de payer ces factures.
Du côté des prisonniers, la grève de la faim des prisonniers dès le mois
de mai 2012 et les mouvements de solidarité, ainsi que l’arrestation à
nouveau du prisonnier libéré Samer Issawi au mois de juillet 2012 et la
grève de la faim qu’il mène depuis ce jour sont les faits marquants de
l’année. La famille de Samer Issawi a été attaquée et son domicile
assiégé par les forces de l’occupation et la maison de son frère démolie
le 1 janvier 2013.
Le 23/1/2012, le député maqdisi Mohammad Tawtah a été kidnappé, ainsi
que l’ancien ministre Khaled Abou Arfa, de la tente de protestation
installée à l’intérieur du siège du CICR. Ils sont tous les deux
prisonniers.
Résistance
Toutes ces agressions et pressions sur les Maqdisis ont suscité un
mouvement de colère le 30 mars 2012 (commémoration de la Journée de la
terre et date de la marche internationale vers al-Quds). Une autre
mobilisation importante s’est déroulée au cours de l’agression sur la
bande de Gaza entre le 16 et 20 novembre. Mais des affrontements
quotidiens se déroulent un peu partout dans la ville occupée, notamment à
Issawiya qui a été le théâtre de 21 affrontements, où les Palestiniens
ont utilisé les pierres et les cocktails molotov contre les forces de
l’occupation. A Selwan, 14 affrontements ont eu lieu, et dans le camp de
She’fat, 12 affrontements, dans la vieille ville 11 affrontements, et
10 affrontements au cours de l’année au barrage de Qalandia. Au total 78
affrontements, sans compter les opérations d’attaque à l’arme blanche
et autres opérations ayant entraîné des blessures dans les rangs de
l’occupation.
Au mois de juin 2012, ce fut la vague des incendies dans al-Quds, où les
autorités de l’occupation ont accusé les jeunes Palestiniens de les
avoir provoqués. Plusieurs jeunes ont été arrêtés.
Le quartier al-Bustan
C’est le second quartier d’al-Quds menacé par l’expulsion massive de sa
population, après le quartier de Sheikh Jarrah. Les autorités de
l’occupation ont pris la décision en 2009 de détruire 88 immeubles dans
le quartier. La population a eu recours aux tribunaux pour protester
contre cette décision, tout en menant des protestations populaires. Une
tente de protestation a été érigée où se rendent régulièrement tous ceux
qui s’associent à leurs protestations. Les prières collectives du
vendredi y sont menées, ce qui a constitué un véritable frein au projet
de l’occupation. C’est pourquoi l’occupant à inauguré une autre
politique, celle de diviser les habitants menacés, en proposant la
destruction de 29 immeubles au lieu des 88. De plus, les forces de
l’occupation ont visé des militants du comité de défense de Selwan,
comme le sheikh Moussa Awdeh, qui fut condamné à trois mois de prison au
cours de l’année 2012, et son jeune fils Muslim (12 ans) qui a été
arrêté 12 fois. Pendant ce temps, la municipalité a envoyé au cours de
l’année ses équipes 15 fois de suite à Selwan pour distribuer et coller
les ordres de démolition ou pour mesurer les lieux, sans cependant
pouvoir détruire une seule maison dans le quartier.
La destruction du quartier al-Bustan dans Selwan est devenue la « boule
de feu » que se lancent la municipalité de l’occupation, le gouvernement
sioniste et la Knesset, sans qu’aucun de ces organismes n’ose prendre
la décision, par crainte d’une révolte généralisée. La seule garantie
pour protéger le quartier reste l’unité de sa population et la poursuite
de leurs protestations populaires.
("Baladi", février 2013)
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