mardi 5 février 2013

Israël/Palestine : des manuels scolaires partiaux, selon une étude (Assawra)

Palestinian activists remove Israeli flags during a protest against what they say is Israel’s denial of access to their farmland, in the village of Khirbet Zakaria, near the settlement bloc of Gush Etzion, on February 4, 2013. (AFP PHOTO/MUSA AL SHAER)

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Les manuels scolaires israéliens et palestiniens diabolisent rarement l’adversaire mais offrent une vision du conflit destinée à promouvoir un point de vue unique, affirme une étude conjointe rendue publique lundi.
"La déshumanisation et la diabolisation de l’autre sont rares" de part et d’autre, selon cette étude conduite par un professeur de l’Université de Yale (Etats-Unis) avec un universitaire israélien et un universitaire palestinien.
Cependant, "les livres israéliens comme palestiniens présentent un récit national unilatéral. Les événements historiques y sont présentés de manière sélective pour renforcer chacun de ces récits nationaux", selon les auteurs, qui ont analysé plus de 3.000 textes scolaires de 2011 approuvés par les ministères de l’Education des deux côtés et ceux de l’enseignement ultra-orthodoxe juif.
Sur la question ultrasensible des cartes, seuls 4% des manuels palestiniens et 13% des manuels israéliens font figurer à la fois une frontière et une légende mentionnant Israël et les Territoires palestiniens. Et encore, en Israël, la Cisjordanie est en général désignée par son nom biblique de "Judée-Samarie".
"Le manque ou l’absence d’information sur l’autre servent à délégitimer sa présence", soulignent les auteurs, relevant que la représentation négative de l’adversaire est "plus prononcée dans les livres ultra-orthodoxes israéliens et les livres palestiniens que dans ceux de l’Etat israélien, qui comportent davantage de contenu autocritique".
"Il y a beaucoup à faire dans le système éducatif en général et les manuels scolaires en particulier si les parties en conflit décident de s’engager sur le chemin de la paix", conclut l’étude.
L’Autorité palestinienne et Israël ont souvent été accusés d’enseigner la violence et la haine ou de diaboliser l’autre dans leurs programmes scolaires.
Les autorités israéliennes ont accueilli très fraîchement cette étude financée par le département d’Etat américain, et qui renvoie dos à dos les systèmes éducatifs israélien et palestinien.
Le ministère israélien de l’Education a dénoncé un rapport "partial, non professionnel et profondément subjectif", ajoutant que les résultats le confortaient dans sa décision de ne "pas coopérer avec des éléments désireux de diffamer le système éducatif israélien et l’Etat d’Israël".
"La tentative d’établir un parallèle entre les systèmes éducatifs israélien et palestinien est sans fondement", a assuré le ministère.
Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a pour sa part "exprimé sa satisfaction" de voir l’étude confirmer "que les manuels palestiniens ne contiennent aucune forme d’incitation flagrante à la haine".
M. Fayyad ajoute avoir demandé au ministère de l’Education "d’étudier attentivement le rapport et d’en utiliser les conclusions (...) pour harmoniser les programmes scolaires avec les principes profondément ancrés dans notre peuple de coexistence, de tolérance, de justice et de dignité humaine".
A Washington, la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, a qualifié d’"analyse indépendante" l’étude réalisée en partenariat par deux ONG militant pour le dialogue et la paix, justifiant son financement par le fait qu’elle encourageait "la paix et la tolérance religieuse dans les programmes scolaires".

(04-02-2013 - Assawra)

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