I - Abolir la détention « administrative »
Ayman Sharawneh, Samer Issawi, Ja’far Izzidine,Tareq Qa’dan, Uday
Kilani, Youssef Shaabane, sont des prisonniers « administratifs », des
Palestiniens arrêtés puis détenus arbitrairement, parce que l’Etat de
l’occupation les a jugés « dangereux » pour sa « sécurité », alors que
depuis son existence, cet Etat a effectivement mis en danger la sécurité
de millions de Palestiniens, vivant sous occupation ou en exil.
Ayman Sharawneh, de la ville d’al-Khalil et Samer ‘Issawi, de la ville
d’al-Quds, avaient été libérés lors de l’opération d’échange en octobre
2011. Mais l’Etat sioniste a aussitôt arrêté plusieurs des prisonniers
libérés, sans aucune « charge », sinon celle de représenter une
« menace ». La détention « administrative » est une forme de torture
extrêmement sophistiquée, inaugurée par l’occupant britannique en
Palestine et poursuivie par l’occupation sioniste, puisqu’il s’agit
d’une arrestation puis d’une détention arbitraires, qui n’est régie par
aucune règle autre que l’avis des services de renseignements de
l’occupation. Cette détention peut être renouvelée sans cesse, de six
mois en six mois, et le prisonnier n’apprend la décision de son
renouvellement que lorsqu’il s’apprête à retourner dans sa famille. Tout
en étant une torture morale en soi, l’arrestation puis la détention
administrative menacent la vie de tous les citoyens palestiniens, de la
Cisjordanie , y compris de la ville d’al-Quds, qui peuvent se retrouver
derrière les barreaux rien que pour avoir exprimé leur refus de
l’occupation.
L’emprisonnement « administratif » est une barbarie moderne, il bafoue
la dignité de tout Palestinien vivant sous occupation. C’est pourquoi
des prisonniers et anciens prisonniers mènent à présent une campagne
pour « abolir la détention administrative ». Il ne s’agit pas de la
première campagne, mais celle-ci a commencé avec la grève de la faim
menée par Sheikh Khodr Adnane, au mois de décembre 2011, qui avait été
arrêté et placé en « détention administrative », puis par la prisonnière
libérée Hana’ Shalabi, arrêtée à nouveau et placée également en
« détention administrative », suivis par Bilal Diab, Thaer Halahla,
Jaafar Izzidine, Umar Abou Shalal, Hassan Safadi, Mahmoud Sersek et
Samer Barq. Certains furent libérés, d’autres « « éloignés » à Gaza
(Hana’ Shalabi), d’autres reçurent la promesse de leur libération s’ils
acceptaient leur déportation (Samer Barq), certains libérés puis arrêtés
à nouveau (Ja’afar Izzidine, cadre dirigeant du mouvement du Jihad
islamique). Ce dernier fut à nouveau arrêté et détenu arbitrairement
avec Tareq Qa’dan, pendant l’agression contre Gaza, au mois de novembre
dernier.
La bataille pour l’abolition de la « détention administrative » est
menée par les prisonniers qui ont entamé la grève de la faim, puis les
familles des prisonniers (l’épouse de Tareq Qaadan, dont l’état de santé
s’est détérioré, a rejoint la lutte des « ventres creux ») et les
prisonniers libérés, comme le cadre dirigeant du Jihad islamique, Sheikh
Khodr Adnane. Les associations palestiniennes de solidarité avec les
prisonniers, ainsi que les familles et proches, participent à la
mobilisation. Ayman Sharawneh vient d’arrêter, momentanément sa grève,
après 170 jours de lutte. Les sionistes ont promis sa libération. Il
menace de reprendre son combat s’il n’est pas immédiatement libéré.
Samer ‘Issawi, en grève de la faim depuis plus de 5 mois (150 jours) a
été récemment brutalisé au tribunal parce qu’il a voulu étreindre sa
mère et sa sœur Shirine, elle aussi ancienne détenue. La famille de
Samer ‘Issawi vit à présent dans leur maison encerclée par les forces de
police, dans la ville d’al-Quds et lui-même, après avoir été agressé au
tribunal, est isolé dans sa cellule. Les prisonniers en grève de la
faim ont décidé de poursuivre leur lutte pour la dignité de tous les
Palestiniens.
La campagne pour l’abolition de la « détention administrative » doit
s’élargir. La pression internationale, le boycott des institutions
sionistes, la campagne médiatique pour la libération des prisonniers,
doivent s’intensifier. Ne laissez pas les prisonniers mourir !
Participez à la bataille pour leur libération !
2 – Statistiques
Le directeur des statistiques du ministère chargé des prisonniers
palestiniens a publié le communiqué suivant : en 2012, l’occupation a
arrêté 3848 Palestiniens, dont 881 enfants, 67 femmes, 11 députés et 9
prisonniers libérés lors de l’accord d’échange en octobre 2011. Plus de
95% des Palestiniens arrêtés sont de la Cisjordanie occupée, et 89
Palestiniens sont de la bande de Gaza, en majorité des pêcheurs arrêtés
en mer. Concernant les prisonniers « administratifs », leur nombre
s’élevait en novembre 2012 à 160 prisonniers et en décembre 2012 à 190
prisonniers. 70 prisonniers palestiniens sont détenus depuis plus de 20
ans et 23 prisonniers depuis plus de 25 ans.
3 – Darrar Abu Sissi, enlevé en Ukraine, toujours en isolement
De nouvelles révélations ont été faites par le prisonnier Darrar Abou
Sissi, enlevé en Ukraine par les services du Mossad en collaboration
avec les appareils sécutaires ukrainiens, en février 2011. Pour la
première fois, il a pu rencontrer un avocat palestinien, qui lui a rendu
visite dans la section de l’isolement dans la prison d’Ascalan. Alors
qu’il se rendait en Ukraine, via la Jordanie, les services de
renseignements jordaniens l’avaient arrêté dès sa descente d’avion et
détenu pendant 5 jours, avec un interrogatoire d’une durée de 14 heures
d’affilée, avant de le laisser poursuivre son chemin vers l’Ukraine.
Puis, alors qu’il se trouvait dans le train pour aller rejoindre son
frère, à Kiev, trois policiers ukrainiens l’arrêtent soi-disant pour
contrôler ses papiers, mais il est enlevé et remis aux services
sécuritaires ukrainiens qui l’enferment et le rouent de coups, avant de
le livrer au Mossad. Il est ensuite transporté en avion, les yeux bandés
et les mains et pieds attachés, dans une position accroupie, pendant 5
heures. Arrivé dans l’Etat de l’occupation, il est transféré au centre
d’interrogatoire à Petah Tikva. Il est accusé d’appartenir aux Brigades
d’al-Qassam (branche armée du Hamas) et d’avoir développé en tant
qu’ingénieur, la centrale électrique dans la bande de Gaza.
Depuis son enlèvement, Darrar Abou Sissi est en isolement.
4 – « Israël » se venge sur les enfants palestiniens
L’Etat de l’occupation craint les fusées de la résistance. Il se venge
sur les enfants palestiniens, cibles de la brutalité et de la sauvagerie
des occupants sionistes. Un nouveau rapport du ministère palestinien
chargé des prisonniers dénonce l’arrestation en 2012 d’environ 900
enfants palestiniens, âgés entre douze et dix-sept ans. Les arrestations
se sont multipliées après la guerre récente contre Gaza et la victoire
de la résistance. 95% des enfants arrêtés ont été brutalisés, avant même
d’atteindre le centre de détention, soit lors de leur arrestation,
souvent entre 2h et 4 h du matin, soit lors de leur transfert en
voitures militaires, soit dans les colonies où ils sont d’abord
transférés pour interrogatoires. Entre les séances d’interrogatoires,
les enfants sont attachés à des poteaux, à l’extérieur, en plein froid
ou sous la pluie, avant même qu’ils aient rencontré des avocats. Les
services de renseignements sionistes leur font signer des « aveux »
rédigés en hébreu (qu’ils ne comprennent pas), et les menacent s’ils ne
collaborent pas avec eux. 200 enfants palestiniens sont en situation
d’arrestation actuellement, dont 135 prisonniers, dont 32 enfants âgés
de moins de 16 ans.
5- Prisonniers privés de poursuivre leurs études
Le tribunal sioniste a décidé de maintenir l’interdiction faite aux
prisonniers palestiniens de poursuivre leurs études secondaires et
universitaires. Pour les associations solidaires des prisonniers, il
s’agit d’une mesure de vengeance envers les prisonniers. Une nouvelle
fois, l’Etat de l’occupation trahit ses promesses, puisqu’il avait
accepté, suite à la grève de la faim menée par les prisonniers le 17
avril 2012, de permettre à nouveau aux prisonniers de poursuivre leurs
études. Mais l’occupant agit selon le rapport de forces présent sur le
terrain et dans le monde. Tant que les institutions internationales, et
notamment européennes, se rendent complices, par leur silence ou même
leur approbation, des crimes de l’Etat de l’occupation, celui-ci
poursuit sa politique criminelle envers le peuple palestinien.
6 – Répression des prisonniers de « Nafha »
Dans la nuit du 30 décembre, des unités spéciales « israéliennes » ont
investi la prison de « Nafha » dans le désert du Naqab. Les prisonniers
ont refusé la fouille nocturne qu’elles envisageaient de mener et ont
commencé à cogner sur les portes aux cris de « Allah Akbar ». Les
attaques nocturnes contre les prisonniers sont devenues de plus en plus
fréquentes, selon le ministère palestinien chargé des prisonniers.
7 – Solidarité
Le mouvement du Jihad islamique en Palestine a organisé le lundi 31
décembre une manifestation en mobylette dans les rues de Gaza, en
soutien à la lutte des prisonniers, en direction du siège du CICR. Cette
manifestation n’est qu’une des mobilisations populaires organisées par
le mouvement du Jihad islamique et les autres formations de la
résistance palestinienne dans la bande de Gaza. En Cisjordanie
également, le mouvement et un de ses cadres dirigeants, sheikh Khodr
Adnane, poursuivent la mobilisation populaire, considérant que les
prisonniers palestiniens représentent, aux côtés des martyrs et des
blessés, « le prix payé par notre peuple pour sa libération », comme l’a
récemment déclaré sheikh Nafez Azzam, membre du bureau politique du
mouvement.
8 – refus des médias sionistes
Le prisonnier dirigeant du Hamas, Abbas Sayyed, a refusé de rencontrer
des médias (journaux et télévision) sionistes pour une interview, au
cours des derniers jours de la dernière guerre contre la résistance à
Gaza.
9 – Sheikh Khodr Adnane interdit de parole à Qalqylia en Cisjordanie
Le ministère chargé des prisonniers dépendant de l’Autorité de Ramallah a
interdit sheikh Khodr Adnane de s’exprimer, lors d’un rassemblement de
soutien aux prisonniers, alors qu’il avait été invité par les
organisateurs, les familles des prisonniers. Par cette interdiction,
l’Autorité de Ramallah et son ministère prouvent qu’ils craignent
l’élargissement du mouvement populaire « pour la dignité des prisonniers
et des Palestiniens » lancé par sheikh Adnane lors de sa grève de la
faim, il y a un an. Au moment où l’occupation et ses geôliers accentuent
la répression dans les prisons, l’Autorité palestinienne veut contrôler
le mouvement populaire et l’empêcher de dépasser le cadre lui servant
aux négociations.
("Baladi" - Janvier 2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire