lundi 5 janvier 2015

Bahreïn: détention prolongée de 15 jours pour le chef de l'opposition chiite

Le chef de l'opposition chiite au Bahreïn, cheikh Ali Salmane, arrêté fin décembre et accusé notamment d'incitation à un changement de régime, sera maintenu en détention pour 15 jours supplémentaires, a annoncé lundi le parquet de Manama.
Ali Salmane, 49 ans, a été arrêté le 28 décembre à Manama sous l'accusation d'appel à la haine et à la violence dans ce royaume à majorité chiite dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa.
Deux jours plus tard, il a été formellement accusé "d'incitation à un changement de régime par la force, par des menaces et des moyens illégaux", et placé en détention pour sept jours.
"L'enquête se poursuit" et "le parquet a ordonné de prolonger la détention de l'accusé pendant 15 jours", a déclaré le procureur général, Nayef Youssef Mahmoud, cité dans un communiqué du parquet.
Cheikh Ali Salmane, secrétaire général d'Al-Wefaq, principal groupe de l'opposition, a reconnu lors de son interrogatoire "avoir eu des contacts avec des régimes et des groupes politiques à l'étranger, avec lesquels il a discuté des affaires internes à Bahreïn", selon le communiqué.
"Il n'a informé aucune partie officielle de ces contacts", ajoute le communiqué.
La détention de l'opposant a donné lieu à des manifestations quasi-quotidiennes dans les villages chiites de Bahreïn où ses partisans réclament sa remise en liberté.
Des manifestations ont encore eu lieu lundi soir notamment à Belad Alqadim, village où se trouve la maison de cheikh Ali Salmane, avec de violents heurts entre des dizaines de protestataires et les forces anti-émeutes, selon des témoins.
Ces forces ont fait usage de gaz lacrymogène et tiré à la chevrotine pour disperser les protestataires qui répliquaient par des jets de pierres, ont ajouté les témoins faisant état de blessés.
L'Iran, accusé à Manama de soutenir les chiites bahreïnis, avait exigé sa libération, et les Etats-Unis, proche allié des autorités de Manama, avaient exprimé leur "profonde préoccupation".
Proche allié des Etats-Unis et siège de la Ve flotte américaine, Bahreïn, un petit royaume de 1,3 million d'habitants, est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation animé par les chiites qui réclament une vraie monarchie constitutionnelle.
La dynastie sunnite des Al-Khalifa a jusqu'ici réprimé d'une poigne de fer toutes les manifestations violentes. Des élections législatives, organisées en novembre, ont été boycottées par l'opposition.

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