Les Israéliens vont devoir se serrer la ceinture. Avec 39 milliards
de shekels de déficit budgétaire - près de 8 milliards d’euros -, soit
4,2 % du PIB, et une loi de finances 2013 toujours introuvable,
l’économie est au centre de toutes les préoccupations. La question
domine même les pourparlers pour la formation du nouveau gouvernement
Netanyahou : comment réduire la dette publique et restreindre le train
de vie de l’État ? Voici que pour la première fois depuis des années, la
défense nationale est concernée par les coupes envisagées. La presse
parle d’une réduction de 5 milliards de shekels. Ce sera seulement 3
milliards, affirment plusieurs ministres de la majorité sortante.
En tout cas, à en croire les experts, le chef d’état-major, le général
Gantz, aurait bien compris qu’il n’a plus le choix. Pour l’armée, voici
venu le temps du dégraissage. Et comme première étape, le licenciement
de 4 000 militaires de carrière. Peut-être seulement 3 000, précisent
certaines sources. Car un millier pourraient être recasés dans le
cybercombat. En parallèle, les responsables militaires plancheraient sur
des plans ayant un seul et même objectif : une meilleure efficacité de
la grande muette, compte tenu des changements technologiques. Mais là,
secret-défense oblige, on n’a quasiment aucun détail, sinon que l’armée
pourrait reporter à une date ultérieure la commande aux États-Unis d’une
seconde escadrille de chasseurs-bombardiers F35 et réduire l’ampleur de
l’acquisition d’un nouveau transport de troupes blindé de dernière
génération.
Reste que tout le monde semble s’être résigné à l’inéluctable. "Les
coupes dans le budget de la Défense sont une nécessité", a affirmé le
candidat le mieux placé au poste de ministre de la Défense, Moshe
Yaalon, un ancien chef d’état-major et député Likoud pur jus. Également
sur les rangs, Shaul Mofaz, président de Kadima, et ancien ministre de
la Défense. Depuis des mois, il ne cesse de dire que des réductions
importantes ne porteront pas atteinte à l’état de préparation de
l’armée. Alors cela signifie-t-il la fin de la doctrine défendue par
Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Ehoud Barak, selon
laquelle la menace nucléaire iranienne et l’instabilité régionale
découlant du Printemps arabe interdisent toute réduction du budget
militaire et même nécessitent certaines rallonges ?
De fait, le problème est dans le résultat des dernières élections et
l’arrivée en deuxième position, avec dix-neuf députés, du nouveau parti
de centre droit, Yesh Atid ("Il y a un avenir"). Tout au long de la
campagne électorale, son président, Yaïr Lapid, s’est fait le défenseur
des classes moyennes, en réclamant une meilleure répartition du fardeau
socio-économique et pas seulement par la conscription des
ultra-orthodoxes. D’où le nouveau casse-tête de Benyamin Netanyahou :
comment combler le déficit tout en favorisant une politique de baisse du
coût de la vie, avec des logements moins chers sans augmenter la TVA et
les autres impôts directs et indirects ? Dans ces conditions,
parviendra-t-il à former une coalition gouvernementale solide tout en
reprenant à son compte certaines promesses de Yaïr Lapid, comme la
réduction de l’aide aux étudiants des écoles talmudiques ou la
diminution des largesses accordées par l’État aux colonies de
Cisjordanie ? Cela déboucherait sur une autre crise, politique
celle-là !
(11-02-2013 - Assawra)
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