Policiers et manifestants réclamant des réformes politiques et sociales
se sont affrontés lundi soir devant le palais présidentiel au Caire, à
l’occasion du deuxième anniversaire de la chute de l’ancien président
égyptien Hosni Moubarak.
La police a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène pour
disperser des groupes de manifestants qui lançaient des projectiles sur
le palais d’al-Ittihadiya à Héliopolis, dans la banlieue du Caire, selon
des images en direct de la télévision publique.
En début de soirée, les policiers anti-émeutes, dont beaucoup portaient
des masques à gaz, avaient repoussé les contestataires de la grande
avenue longeant le palais, mais certains se trouvaient toujours dans les
rues adjacentes.
Quelques centaines de personnes avaient un peu plus tôt marché sur le
palais à l’appel de groupes de l’opposition. D’autres s’étaient dirigés
vers la place Tahrir, épicentre des manifestations de janvier-février
2011.
"La révolution continue", pouvait-on lire sur certaines pancartes,
tandis que des manifestants scandaient "une fois le sang versé, il n’y a
plus de légitimité".
Le palais présidentiel est devenu l’un des principaux points de
ralliement des opposants au président islamiste Mohamed Morsi. Des
manifestations violentes, parfois meurtrières, ont été organisées ces
derniers mois devant ce bâtiment situé dans un quartier cossu.
Des mouvements et partis de l’opposition avaient appelé à manifester
pour demander au président Morsi, issu des Frères musulmans, un
mouvement longtemps interdit, de réaliser les objectifs de la révolte
populaire qui lui a permis d’accéder au pouvoir.
Parmi leurs principales revendications : la mise en place d’un nouveau
gouvernement, d’union nationale cette fois, des amendements à la
Constitution rédigée par une commission dominée par les islamistes et le
limogeage du Procureur général nommé par M. Morsi.
Les protestataires sont également furieux que personne n’ait eu à rendre
de comptes pour la mort de dizaines de manifestants ces derniers mois
lors de heurts avec la police.
"A bas le pouvoir des Frères musulmans", ont-ils clamé en se dirigeant vers la place Tahrir, dans le centre du Caire.
Les autorités avaient renforcé la sécurité autour du palais
présidentiel, du ministère de l’Intérieur et de la place Tahrir ainsi
qu’autour de plusieurs bâtiments publics.
Un pont important de la capitale a temporairement été bloqué, selon des
témoins et la télévision d’Etat, par des manifestants qui ont également
perturbé brièvement la circulation du métro au niveau d’une station du
centre du Caire.
Il y a deux ans, des centaines de milliers d’Egyptiens étaient descendus
dans la rue pour célébrer la démission de Moubarak, convaincus que
le changement démocratique était à portée de main.
Aujourd’hui, beaucoup se disent en colère et frustrés de voir que les
principaux objectifs du soulèvement —la liberté et la justice sociale—
n’ont toujours pas été réalisés et que le pays est divisé entre les
partisans islamistes de M. Morsi et une opposition hétéroclite, en
majorité libérale et de gauche.
En plus de la crise politique, le pays traverse une grave crise
économique en raison notamment de l’effondrement des investissements
étrangers et de la chute du tourisme.
Hosni Moubarak, 84 ans, malade et condamné à la prison à perpétuité,
attend quant à lui un nouveau procès dans l’indifférence d’une grande
partie de la population, pour qui il appartient déjà au passé.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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