Le ministre égyptien de la Culture, Mohamed Saber Arab, a présenté lundi
sa démission pour protester contre des brutalités policières, qui ont
ravivé les appels à une réforme de l’appareil policier en Egypte, une
revendication-clef lors de la révolte il y a deux ans.
L’agence officielle Mena a annoncé la démission de M. Arab sans donner
de détail. Le quotidien gouvernemental Al-Ahram a précisé que le
ministre entendait protester après des images montrant un manifestant
dénudé et battu par la police devant le palais présidentiel au Caire.
Sur une vidéo qui a choqué l’opinion publique, on voit des policiers
battre l’homme avec des matraques, le bousculer et le dévêtir, avant de
le traîner au sol, puis de l’embarquer dans un fourgon blindé posté
devant le palais.
Hamada Saber Mohamed Ali, un père de famille de 50 ans, qui avait
initialement assuré avoir été attaqué par des manifestants et secouru
par la police, est finalement revenu sur cette version peu crédible,
déjà démentie par des proches qui on fait état de pressions pour
dédouaner la police.
En outre, le décès d’un militant lundi après sa détention par la police a exacerbé les esprits.
La police a fait usage de gaz lacrymogène contre des manifestants qui
protestaient près de la préfecture à Tanta, dans le delta du Nil, peu
après l’enterrement du militant dans cette ville, selon des témoins.
Les protestataires ont jeté des pierres en direction des policiers, selon la même source.
Mohamed al-Guindi, 28 ans, avait disparu le 25 janvier sur la place
Tahrir au Caire où il participait à une manifestation à l’occasion du 2e
anniversaire du soulèvement anti-Moubarak, qui avait pris la forme d’un
rassemblement contre l’actuel chef de l’Etat, l’islamiste Mohamed
Morsi.
Selon ses avocats, le militant a été torturé dans un camp de la police,
avant d’être conduit dans un hôpital où, selon ministère de la Santé, il
avait été admis inconscient et souffrant d’une hémorragie interne.
Tombé dans le coma, il est décédé lundi.
"Il est mort des suites de la torture", a affirmé son parti, le Courant populaire, dans un communiqué.
"Il n’est pas le seul à mourir (sous la torture) sous Morsi. Mais comme
c’est un militant, son nom nous est familier", a déploré Hossam Bahgat,
directeur de l’Initiative égyptienne pour les droits de la personne
(EIPR), l’une des principales organisations de défense des droits de
l’Homme du pays.
Des photos le montrant à l’hôpital, le visage meurtri, ont circulé sur
les réseaux sociaux et des militants l’ont présenté comme le nouveau
Khaled Saïd, un Egyptien battu à mort par la police en 2010 et devenu
depuis un symbole de la lutte contre les brutalités policières.
Embarrassé, la présidence a indiqué avoir demandé au parquet d’enquêter
sur les circonstances du décès de M. Guindi et a exclu "un retour aux
violations des droits des citoyens et des libertés après la révolution"
qui a provoqué la chute de Hosni Moubarak.
Il y a deux ans, la réforme de la police, accusée de bénéficier d’une
impunité systématique pour ses nombreuses exactions, était l’une des
principales revendications des Egyptiens descendus dans les rues.
"La police égyptienne pratique systématiquement la violence et la
torture, parfois elle tue", a dénoncé l’EIPR dans un rapport publié la
semaine dernière, en indiquant enquêter sur des dizaines de cas de
torture ces derniers mois.
"Il n’y a pas eu de changement de fond, ni même une amélioration
cosmétique, dans l’appareil policier en matière de structure
administrative, de prise de décision, de contrôle du travail de la
police, ou de réforme et de renvoi des officiers et agents responsables
de torture et de meurtres", selon l’ONG.
"Les jeunes sont encore torturés et tués dans leur quête de dignité", a
souligné Mohamed ElBaradei, une figure de proue de l’opposition.
Lundi, des centaines de personnes ont participé sur la place Tahrir à
une prière à la mémoire de Mohamed al-Guindi et d’un autre militant tué
par balle lors d’une récente manifestation. "Obtenir justice pour eux,
ou mourir comme eux", a scandé la foule.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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