Le patron du Front de libération nationale (FLN), au pouvoir en
Algérie, Abdelaziz Belkhadem, a été évincé jeudi après une grave crise
interne opposant deux tendances du parti, à moins d’un an et demi de
l’élection présidentielle prévue en avril 2014.
M. Belkhadem a perdu de justesse un vote de confiance auquel il a
accepté de se soumettre, après des mois d’une crise sans précédent
depuis 2003 au sein du comité central, instance suprême du parti, dont
une partie réclamait son départ.
Lors du vote à bulletin secret, 160 membres du comité central se sont
prononcés pour relever M. Belkhadem de ses fonctions, et 156 ont
souhaité qu’il y reste. Il y a eu sept bulletins nuls.
Le scrutin a été supervisé par quatre membres désignés d’un commun
accord par les partisans et les opposants de M. Belkhadem et trois
huissiers de justice.
M. Belkhadem, 67 ans, a affirmé qu’il partait "la tête haute, car le
parti a remporté les élections législatives (de mai 2012) et locales (de
novembre 2012) et j’espère que celui qui me succèdera fera mieux".
Un important dispositif de sécurité a été déployé autour de l’hôtel de
la station balnéaire de Sidi Fredj, à l’ouest d’Alger, où a eu lieu la
réunion. A la dernière réunion du comité central en juin, les deux
tendances du parti avaient failli en venir aux mains.
Les membres du Comité central devaient constituer jeudi soir un bureau
provisoire pour gérer la session qui restera ouverte jusqu’à l’élection
d’un nouveau secrétaire général, selon des responsables du FLN.
Depuis fin 2011, une sourde animosité oppose les pro et anti-Belkhadem,
un homme du sérail, considéré comme un islamo-conservateur.
Les réformateurs lui reprochaient notamment de favoriser le clientélisme et de rester sourd aux revendications de la jeunesse.
La crise avait éclaté au grand jour avant les législatives, lorsque 200
des 330 membres du comité central avaient appelé au départ de
M. Belkhadem, accusé d’exclure "les symboles" du parti des listes
électorales.
La contestation a pris de l’ampleur avec l’appel au départ de
M. Belkhadem le 9 janvier par huit ministres du FLN et membres du comité
central qui l’accusaient d’avoir tenté d’utiliser "les institutions de
l’Etat pour assouvir ses ambitions personnelles" et affirmaient "ne plus
reconnaître son autorité".
"M. Belkhadem veut garder sa mainmise sur le parti en prévision de
l’élection présidentielle de 2014", a déclaré à l’AFP l’ancien ministre
Boudjemâa Haichour, l’un des chefs de file des contestataires.
Dans une interview mardi à la chaîne privée tunisienne, Nessma TV,
M. Belkhadem s’en est défendu et a accusé ses détracteurs de vouloir
"semer la discorde entre le chef de l’Etat et (lui-même)".
Le FLN, sous la houlette de M. Belkhadem, avait remporté coup sur coup
les élections législatives et locales en mai et novembre 2007 puis
celles de mai et novembre 2012.
En 2003, le parti avait connu une crise similaire qui avait conduit à la
démission de son secrétaire général Ali Benflis, après un bras de fer
entre ses partisans et ceux du président Abdelaziz Bouteflika, qui se
disputaient le contrôle du parti dans la perspective de la
présidentielle de 2004.
(31 janvier 2013)
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