Des dizaines de Palestiniens ont dressé vendredi un campement sur le
site d’un projet de colonisation très controversé en Cisjordanie, dans
le cadre de leur stratégie de résistance non violente aux implantations
et à l’occupation israélienne.
"Nous avons installé 20 tentes et nous avons assez d’équipements pour
rester longtemps", a déclaré à l’AFP l’une des organisatrices, Abir
Kopty, précisant que ce camp, installé sur le site du projet E1, au
nord-est de Jérusalem, était baptisé "Village de Bab al-Chams" ("Les
Portes du Soleil" en arabe) et rassemblait plus de 200 personnes.
"Nous sommes déterminés à rester ici pour faire respecter le droit des
propriétaires (palestiniens) de construire sur leurs terres. C’est un
message que nous ne resterons plus silencieux face à l’expansion des
colonies", a-t-elle affirmé.
Le campement, établi dans la zone ultra-sensible E1, entre Jérusalem-Est
occupée et la colonie israélienne de Maalé Adoumim, se veut une
réplique palestinienne des colonies sauvages israéliennes.
Les militants ont copié la stratégie des colons israéliens qui
installent en quelques heures, souvent de nuit, des campements dans des
zones palestiniennes, qui leur servent ensuite de bases —baptisées
"avant-postes"— pour l’établissement de colonies sauvages.
Dans la soirée, ils cuisaient de la nourriture sur des feux de camp
après avoir installé une vingtaine de grandes tentes sur le site, où des
drapeaux palestiniens flottaient, a constaté un correspondant de l’AFP.
La police israélienne leur avait auparavant distribué des ordres
d’expulsion stipulant qu’ils devaient quitter la zone, déclarée "zone
militaire interdite" aux civils.
Un porte-parole de l’administration militaire israélienne a confirmé ces
ordres d’expulsion, en estimant que l’initiative relevait de la
"provocation".
Mais Abir Kopty a précisé dans un message sur Twitter que les militants
avaient réussi à obtenir une injonction de la Cour suprême israélienne
gelant l’ordre d’expulsion.
"Cette initiative est très innovante et constitue un moyen légitime et
non violent de protéger notre terre contre les plans coloniaux
israéliens", s’est félicitée Hanane Achraoui, membre de la direction de
l’OLP, dans un communiqué.
"Il s’agit d’un effort collectif initié par la société civile,
comprenant des organisations de jeunesse, sociales et politiques, qui se
sont unies pour défendre les droits des propriétaires de cette terre de
l’utiliser comme bon leur semble", a-t-elle relevé.
"Nous soutenons totalement et encourageons la résistance populaire non
violente contre l’occupation israélienne dans l’ensemble de l’Etat de
Palestine", a-t-elle ajouté.
Une stratégie palestinienne de résistance non violente à l’occupation et
à la colonisation israélienne —sous la forme notamment de
manifestations pacifiques et d’appels au boycott des produits
israéliens— s’est développée ces dernières années.
Elle s’est exprimée également via l’offensive diplomatique
internationale du président palestinien Mahmud Abbas qui a permis
l’accès de la Palestine au statut d’Etat observateur à l’ONU en novembre
dernier.
C’est en représailles à cette démarche que le gouvernement israélien a
annoncé la relance de son projet de construction dans la zone E1, gelé
depuis 2005 sous pression américaine.
La communauté internationale a condamné ce projet, qui relierait
l’implantation israélienne de Maalé Adoumim à des quartiers de
colonisation juive à Jérusalem-Est et couperait en deux la Cisjordanie,
compromettant la viabilité d’un Etat palestinien.
La communauté internationale considère comme illégales toutes les
colonies israéliennes et ne reconnaît pas l’annexion en 1967 de
Jérusalem-Est, où les Palestiniens veulent établir la capitale de l’Etat
auquel ils aspirent.
(11 janvier 2013 )
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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