Très cher Bibi ! Le Calcalist, le supplément économique du quotidien à
grand tirage Yediot Aharonot, a épluché les sommes prélevées sur les
fonds publics pour l’entretien courant de la résidence officielle du
Premier ministre à Jérusalem. Fin 2011, la facture, sur l’année,
s’élevait à 2,46 millions de shekels (un peu plus de 500 000 euros).
Soit une hausse de 12 % par rapport à l’année précédente, alors que
l’indice des prix pour cette même année n’avait augmenté que de 2,7 %.
Et ce n’est pas tout. La majorité des contribuables israéliens ignorent
qu’ils payent aussi pour la villa privée du couple Netanyahou à Césarée
(un peu plus de 37 000 euros), auxquels il faut ajouter le coût de la
sécurité de son appartement privé à Jérusalem. Autrement dit, 1,1
million de shekels (environ 223 000 euros). Tout cela sans compter des
postes budgétaires séparés dédiés "au contact avec le public" - ce qui
inclut les téléphones portables de ses assistants, Internet, les
boissons, etc. -, "les voyages à l’étranger" (à ne pas confondre avec
les déplacements officiels), un budget "services médicaux" et un autre
pour "la sécurité des enfants du Premier ministre". On se souvient que
lors du service militaire de Yaïr, le fils aîné, il y avait eu une
polémique entre la présidence du conseil et le Shin Bet, la sécurité
intérieure, pour savoir qui devait couvrir le salaire du garde du corps
accompagnant le jeune homme lorsqu’il sortait de sa caserne.
Bref, si on en croit les experts, cela fait de Benyamin Netanyahou le
Premier ministre le plus cher de toute l’histoire d’Israël. Plus cher
même que le "Bibi" première mouture qui, entre 1996 et 1999, avait déjà
établi un record, comparé à ses prédécesseurs, en dépensant annuellement
2 millions de shekels (soit 405 363 euros).
Calcul électoral ou volonté de ne pas échauffer une population au bord
de l’implosion pour cause de "vie chère" ? Priée à plusieurs reprises
d’obéir à la loi qui impose la transparence sur l’utilisation des fonds
publics, la présidence du conseil a fait pendant plusieurs mois la
sourde oreille, avant de se résoudre finalement à publier un état des
dépenses. Un rapport peu détaillé, contrairement à ce qui se faisait
dans le passé.
Mais au-delà de l’aspect purement législatif, il y a la question du
timing. Ces révélations sur le train de vie du Premier ministre et de sa
famille ont en effet lieu alors qu’on parle de plus en plus d’un
nouveau plan d’austérité destiné à réduire le déficit budgétaire qui se
monte à 4,2 % du PIB, au lieu des 2 % prévus à l’origine par le Trésor.
Netanyahou a bien tenté de minimiser le problème - "ce déficit, dit-il,
reste inférieur à celui des pays développés" - et il a promis de ne pas
augmenter les impôts. Reste que ces mauvais indices, publiés une semaine
avant les élections du 22 janvier, ont été d’autant plus remarqués que,
tout au long de la campagne, le gouvernement sortant a mis en avant la
bonne tenue de l’économie - en dépit de la crise mondiale -, résultat
d’une gestion qu’ils jugent sans faille.
Cet argument est désormais battu en brèche par l’opposition qui a
demandé à Benyamin Netanyahou d’arrêter de revendiquer le statut de
"Monsieur Économie" !
(18 janvier 2013 - Danièle Kriegel)
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