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vendredi 18 janvier 2013
Algérie : les autorités, très critiquées, restent muettes
Le journal algérien al-Khabar se montre très critique vendredi contre la façon dont le pouvoir a géré la prise d’otages qui a lieu dans l’est du pays, à In Amenas. Selon un éditorial, le déroulement de l’assaut donné par l’armée contre le commando jeudi montre que "ce sont les groupes terroristes qui ont acquis de l’expérience sur le terrain" et non pas les autorités, bien qu’elles "prétendent avoir acquis une expérience dans la lutte antiterroriste". "Les autorités politiques et sécuritaires ont échoué à mettre fin au terrorisme", ajoute le journal, et la prise d’otages sur le site gazier démontre qu’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) "pourrait frapper en Algérie à chaque fois qu’elle en aura l’occasion".
Cette charge arrive alors que le mutisme officiel le plus total régnait vendredi matin à Alger sur les suites de l’assaut lancé par les forces spéciales algériennes contre les islamistes auteurs de la prise d’otages, dont une quarantaine d’étrangers. Le ministre de la Communication Mohamed Said avait annoncé jeudi soir que l’opération de l’armée avait permis de "libérer jusqu’à présent plusieurs otages nationaux et étrangers", sans fournir de chiffres. Il s’était contenté de faire état d’un "nombre important d’otages libérés et malheureusement quelques morts et blessés".
Mais un porte-parole des islamistes a déclaré que l’opération avait aussi fait une cinquantaine de morts, 34 d’otages et 15 ravisseurs. Le quotidien arabophone Echorouk a fait état vendredi du premier mort algérien de l’attaque lancée mercredi à l’aube par un groupe d’islamistes rattachés à Mokhtar Belmokhtar, un fondateur d’Aqmi. Il s’agit du gardien du portail de ce site, "abattu d’une balle dans la tête pour avoir refusé d’ouvrir l’accès" au convoi islamiste mercredi à l’aube, selon le journal, citant le frère de la victime.
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Incertitudes sur le sort des otages après l’assaut de l’armée
Londres a affirmé vendredi que la prise d’otages sur un site gazier en Algérie était toujours en cours, plusieurs capitales attendant des explications des autorités algériennes après une intervention militaire contre les ravisseurs qui a coûté la vie à de nombreux étrangers.
La confusion régnait vendredi sur le bilan et les circonstances de l’assaut mené la veille par l’armée algérienne sur le site dans le centre-est du pays, où un groupe islamiste, disant agir en riposte à l’intervention de la France au Mali, avait pris en otages mercredi 41 étrangers et des centaines de locaux.
"L’incident terroriste est toujours en cours", a indiqué le ministère britannique des Affaires étrangères. Jeudi soir, l’agence algérienne APS avait annoncé la fin de l’assaut de l’armée mais les autorités à Alger gardaient le mutisme vendredi sur cette opération.
Deux Français sont "revenus" sains et saufs de la prise d’otages, a affirmé le ministre français de l’Intérieur Manuel Valls.
"Cela tirait beaucoup par séquences", a témoigné un ressortissant français, rescapé de la prise d’otages. "Il y a des terroristes qui sont morts, des expatriés, des locaux", a dit sur la radio Europe 1 Alexandre Berceaux, sans pouvoir préciser si l’opération militaire se poursuivait.
"Je suis resté caché pendant presque 40 heures dans ma chambre. J’étais sous le lit j’ai mis des planches un peu partout. J’avais un peu de nourriture, un peu à boire, je ne savais pas combien de temps cela allait durer", a-t-il ajouté, pensant avoir été sauvé par les soldats.
Un Britannique et un Algérien avaient été tués lors de l’attaque du groupe armé mercredi sur le site d’In Amenas dans le Sahara, à 1.300 km au sud-est de la capitale.
Outre les très nombreux travailleurs algériens, des Américains, des Britanniques, des Japonais, des Français, un Irlandais, des Norvégiens et des Philippins figuraient parmi les otages.
L’assaut a suscité les critiques et soulevé des questions à Tokyo, Londres et Washington qui ont dit regretter ne pas avoir été mis au courant des intentions algériennes.
"Je pense que nous devons nous préparer à la possibilité de mauvaises nouvelles à venir", a averti le Premier ministre britannique David Cameron.
Le Japon a convoqué l’ambassadeur algérien et demandé de "cesser immédiatement" son opération alors que le sort de 14 Japonais restait incertain.
M. Valls s’est refusé à toute critique envers Alger et indiquant ignorer "si l’opération est terminée".
Après l’annonce de la préfecture régionale de la fin de l’assaut, l’agence algérienne APS a rapporté jeudi soir que le raid n’avait permis de contrôler que le "site de vie" du complexe gazier où se trouvait la majorité des otages, mais que le complexe lui-même était toujours encerclé.
Quelques heures auparavant, le ministre algérien de la Communication Mohamed Said avait fait état d’un "nombre important d’otages libérés et malheureusement quelques morts et blessés", sans autre précision.
"Un nombre important de terroristes qui ont essayé de prendre la fuite vers un pays limitrophe ont été neutralisés", avait-il ajouté pour justifier l’opération qui a aussi permis selon APS la libération de 600 Algériens ainsi que d’un Français, de deux Britanniques et d’un Kenyan.
Mais un porte-parole des islamistes, cité par l’agence mauritanienne ANI, avait déclaré que l’opération avait fait une cinquantaine de morts, 34 otages et 15 ravisseurs, menaçant de mort les otages survivants selon lui, trois Belges, deux Américains, un Japonais et un Britannique.
Les ravisseurs se présentent comme les "Signataires par le sang" de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, récemment destitué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Selon un porte-parole du groupe cité par ANI, le chef du commando, Abou al-Baraa, a été tué dans l’assaut.
Le site d’In Amenas est exploité par le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l’algérien Sonatrach. Statoil a annoncé qu’il était sans nouvelles de huit de ses employés, tous norvégiens. Selon Dublin, un Irlandais est sain et sauf.
L’Algérie s’est trouvée entraînée malgré elle dans le conflit malien avec cette prise d’otages, les ravisseurs ayant dénoncé le soutien logistique algérien aux militaires français.
L’armée malienne a affirmé vendredi avoir repris "le contrôle total" de la localité de Konna (centre), dont la chute le 10 janvier aux mains de combattants islamistes avait précipité l’intervention française.
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Un Français témoigne : "Je suis resté caché pendant presque 40 heures"
Un ressortissant français, resté caché sous son lit pendant 40 heures et rescapé de la prise d’otages en Algérie, a témoigné vendredi sur Europe 1. Alexandre Berceaux, l’un des Français employés de la société CIS Catering, affirme qu’il se trouvait "sur la base Sonatrach d’In Amenas" lors de la prise d’otages puis de l’assaut. "Ça tirait beaucoup par séquence, cela dépendait, a-t-il raconté. Il y a des terroristes qui sont morts, des expatriés, des locaux". Il n’a pas pu préciser si l’opération militaire se poursuivait vendredi matin.
Lors de la prise d’otages mercredi matin, "j’ai entendu énormément de coups de feu. L’alarme qui nous dit de rester au lieu où nous sommes était en route. Je ne savais pas si c’était un exercice ou si c’était vrai", a-t-il relaté. "Personne ne s’y attendait. Le site était protégé. Il y a des forces militaires sur place". "Je suis resté caché pendant presque 40 heures dans ma chambre. J’étais sous le lit j’ai mis des planches un peu partout au cas où. J’avais un peu de nourriture, un peu à boire, je ne savais pas combien de temps cela allait durer", a ajouté le ressortissant français, qui pense avoir été sauvé par des militaires algériens.
"C’était des militaires habillés en vert. Je pense que c’était des militaires algériens", a-t-il dit, encore sous le choc. "Ils étaient avec des collègues, c’est comme cela que j’ai reconnu sinon je n’aurais jamais ouvert", a ajouté ce témoin qui s’est caché pendant la prise d’otages "à quelques minutes à pied d’où étaient placés les terroristes". "J’avais l’information qu’il y avait un blessé dans la réserve du restaurant hier matin. On a d’abord trouvé trois Anglais qui étaient cachés dans le faux plafond plus cette personne blessée, partie directement à l’hôpital", a-t-il ajouté.
"Je pense qu’il y a encore des personnes cachées. Là ils sont en train de faire les comptes", a-t-il ajouté.
Vendredi matin, aucun bilan officiel précis n’avait filtré sur cette opération militaire dont on ignorait encore si elle avait été effectivement achevée jeudi soir sur le site d’In Amenas dans le Sahara à 1.300 km au sud-est de la capitale comme l’avait annoncé l’agence de presse algérienne APS.
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