Aujourd’hui Premier ministre sans rival, Benjamin Netanyahu a pris le
risque de lancer contre les Palestiniens de Gaza une vaste opération
militaire, pour la première fois de sa carrière, à quelques semaines
d’élections cruciales en Israël.
"Bibi" Netanyahu, un faucon, a donné son feu vert à un frappe ciblée
contre le chef militaire du Hamas, Ahmad Jaabari, tué mercredi à Gaza,
et à l’offensive "Pilier de défense" contre les groupes armées de
l’enclave palestinienne, en dépit du danger de confrontation majeure.
"En fait, Netanyahu veut gagner les prochaines élections et il peut se
présenter devant l’électorat en disant +J’ai tué Jaabari, l’ennemi
numéro un d’Israël, le commandant du Hamas+", explique Moukhaïmer Abou
Saada, professeur de science politique à l’Université Al-Azhar de Gaza.
"C’est exactement comme (le président américain Barack) Obama en
campagne, répétant aux électeurs américains qu’il a tué Oussama Ben
Laden", souligne le politologue.
Le champion incontesté de la droite israélienne, déjà Premier ministre
en 1996-1999 lors d’un mandat controversé, s’est façonné une image de
dirigeant à poigne, convaincu que "la force" empêche la guerre.
Début novembre, M. Netanyahu s’est encore déclaré à la télévision "prêt,
s’il le faut" à déclencher une attaque contre les sites nucléaires
iraniens.
Cette interview avait été diffusée à la veille de l’élection
présidentielle aux Etats-Unis, alors que M. Netanyahu a pressé —en vain—
ces dernières semaines l’administration Obama de fixer une "ligne
rouge" au régime de Téhéran afin d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme
nucléaire.
Pourtant, paradoxalement, le Premier ministre s’est félicité le mois
dernier devant le Parlement qu’aucune "guerre inutile" n’ait été menée
pendant ses sept années au pouvoir. "Il n’y a pas eu de guerre parce que
nous avons projeté de la force", s’est-il flatté.
Ces remarques visaient son prédécesseur Ehud Olmert, qui a orchestré en
2006 une guerre à moitié ratée contre le Hezbollah chiite libanais, qui a
fait plus de 1.200 morts au Liban, en majorité des civils, et 160 tués
en Israël, pour la plupart soldats.
C’est le même M. Olmert qui, six semaines avant des élections, avait
déclenché l’opération "Plomb durci", offensive dévastatrice contre Gaza
qui, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, avait coûté la vie à 1.440
Palestiniens et 13 Israéliens.
Quatre ans après, Bibi Netanyahu, qui vient de fêter son 63e
anniversaire, se trouve à son tour sur la ligne de front dans le sud
d’Israël.
Il a beau être détesté par la plupart des médias israéliens —"le plus
mécanique, +télé-prompté+ et fabriqué des Premiers ministres d’Israël",
selon le Haaretz—, il jouit d’une popularité inégalée trois ans après
son retour au pouvoir.
Mais il est critiqué pour son caractère indécis et ses talents
d’"illusionniste" prêt à céder sous la pression. Il est pragmatique,
répondent ses partisans.
Evoquant l’intention prêtée au Premier ministre d’attaquer l’Iran,
l’ex-patron de la Sécurité intérieure (Shin Beth), Youval Diskin, a
fustigé "un leadership qui prend des décisions basées sur des illusions
messianiques".
L’éditorialiste Shalom Yerushalmi a relevé dans le quotidien Maariv que
M. Netanyahu et son ministre de la Défense Ehud Barak pouvaient
"remporter maintenant une belle victoire, pas seulement sécuritaire mais
aussi électorale".
"Mais on ne peut qu’espérer que leur chemin, qui a commencé de façon
responsable, ne nous entraînera pas dans des voies aventureuses avant
les élections, car les dirigeants aussi en paieraient un prix élevé",
a-t-il prévenu.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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