jeudi 11 octobre 2012

Syrie : Homs encerclée

Damas a rejeté mercredi la demande de cessez-le-feu unilatéral formulée par le secrétaire général de l’ONU, exigeant en préalable un arrêt des violences du côté rebelle. "Nous avons dit à Ban Ki-moon d’envoyer des émissaires vers les États qui ont de l’influence sur les groupes armés pour que ces derniers mettent un terme à la violence", a affirmé dans un communiqué le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdissi. Le porte-parole a critiqué les déclarations de Ban Ki-moon, qui a appelé mardi le régime syrien à décréter un cessez-le-feu unilatéral et demandé aux forces d’opposition de le respecter.
Selon lui, cette question a déjà été discutée lors d’entretiens entre le patron de l’ONU et le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, en marge de l’Assemblée générale à New York début octobre. D’après le porte-parole, Walid Mouallem avait souligné l’importance d’intervenir "notamment auprès de l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, qui financent, entraînent et livrent des armes à ces groupes armés, pour qu’ils cessent de le faire". Damas assimile la rébellion à du "terrorisme" soutenu par l’étranger.
Selon lui, une fois ces missions accomplies, l’ONU "devrait informer la partie syrienne des résultats des efforts déployés par le secrétaire général pour que les dirigeants syriens prennent les mesures nécessaires". "La situation a atteint un stade inacceptable, il est insupportable que la population continue à souffrir de cette manière. C’est pourquoi j’ai fait comprendre au gouvernement syrien qu’il doit immédiatement déclarer un cessez-le-feu unilatéral", avait déclaré Ban Ki-moon. La "réaction" de Damas a été de "savoir ce qui va se passer ensuite", selon lui. Le porte-parole syrien a affirmé qu’à deux reprises, durant les missions avortées des observateurs arabes et ceux de l’ONU, le gouvernement syrien avait appliqué un cessez-le feu, mais que la partie adverse "en avait profité pour élargir son déploiement armé et multiplier les pertes humaines à cause de ses activités terroristes".

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Les rebelles veulent isoler l’armée dans le nord
Les rebelles syriens cherchaient mercredi à couper les lignes d’approvisonnement de l’armée vers Alep, métropole stratégique du nord, les troupes régulières bombardant violemment des poches rebelles à Homs et dans sa région, au centre du pays.
Alors que la tension est à son comble entre Ankara et Damas, après des tirs syriens suivis de ripostes d’Ankara, le chef de l’armée turque, le général Necdet Özel, a haussé le ton, menaçant la Syrie d’une "réponse encore plus puissante".
Au lendemain de l’appel du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, Damas a rejeté sa demande de cessez-le-feu unilatéral, exigeant en préalable un arrêt des violences du côté rebelle.
"Nous avons dit à Ban Ki-moon d’envoyer des émissaires vers les Etats qui ont de l’influence sur les groupes armés pour que ces derniers mettent un terme à la violence", a affirmé dans un communiqué le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdissi.
Après avoir perdu Maaret al-Nooman, l’armée a envoyé des chars pour tenter de reprendre cette ville située sur l’autoroute reliant Damas à Alep, passage obligé pour les renforts qui se rendent dans la métropole commerçante en proie aux combats depuis mi-juillet. Les régions rurales alentour sont tenues par la rébellion.
Les troupes se sont déployées sur une partie de la cinquantaine de kilomètres d’autoroute entre Damas et Maaret al-Noomane, pour sécuriser le passage des chars, selon le centre de presse rebelle de Sermin.
Les rebelles tentaient d’empêcher cette progression, faisant usage de lance-roquettes et d’engins piégés. Trois chars ont été endommagés, a affirmé la même source.
Plus au sud, "les avions du régime bombardaient violemment Khan Cheikhoun pour permettre aux renforts d’avancer vers Maaret al-Nooman", a affirmé Rami Abdel Rahman, président de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), évoquant également des combats au sol.
Khan Cheikhoun se situe également sur la route internationale Damas-Alep, tout comme Saraqeb, plus au nord et déjà aux mains des rebelles.
"Si les rebelles, qui ont déjà Saraqeb et Maaret al-Noomane, prennent Khan Cheikhoune, ils isoleront totalement les troupes du régime à Alep car les renforts ne pourront plus arriver", indique M. Abdel Rahman.
A Homs, surnommée la "capitale de la révolution", l’armée tirait des obus contre la vieille ville et ses environs où sont retranchés les rebelles, selon l’OSDH.
"Homs pourrait être déclarée province sécurisée dans les heures ou les jours qui viennent, après la progression de l’armée sur tous les axes de la ville et de sa province", affirmait le quotidien proche du pouvoir Al-Watan, laissant entendre que l’armée se préparait à lancer l’assaut final.
"Nous sommes totalement encerclés, il n’y a pas d’échappatoire", a déclaré à l’AFP un militant qui se fait appeler Abu Bilal et réside dans la vieille ville.
Vendredi, des avions militaires avaient bombardé Homs pour la première fois depuis le début de la révolte, en mars 2011.
Dans l’est du pays, un journaliste d’al-Ikhbariya, chaîne de télévision officielle, a été tué par des "terroristes", a affirmé à l’AFP la direction de la chaîne. Le caméraman Mohammad al-Achram a été touché par deux balles.
Selon Reporters sans frontières, 13 journalistes et 29 citoyens-journalistes ont été tués en Syrie depuis le début du soulèvement.
Dans un climat de tension extrême entre Ankara et Damas, le chef de l’armée turque a menacé la Syrie d’une "réponse encore plus puissante" si elle continuait ses tirs vers le territoire turc, ont rapporté les télévisions.
"Nous avons répondu (aux tirs syriens). S’ils continuent, nous riposterons d’une manière encore plus puissante", a dit le général Özel dans le village d’Akçakale (sud-est), où cinq civils avaient été tués le 3 octobre par des tirs syriens.
Depuis ce bombardement, l’armée turque répond coup pour coup aux tirs syriens atteignant le territoire turc et dont l’armée syrienne est tenue pour responsable.
Sur le plan politique, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition en exil, envisage de s’installer très prochainement en Syrie, dans une région sous contrôle de la rébellion, a affirmé à l’AFP l’un de ses responsables.
En Jordanie voisine, les Etats-Unis ont déployé environ 150 militaires pour aider à contrôler le flux des réfugiés et être prêts à agir si le régime perdait le contrôle de ses armes chimiques, selon un haut responsable américain.
D’après M. Ban, l’émissaire international Lakhdar Brahimi doit se rendre "bientôt" en Syrie, où au moins 32.000 personnes sont mortes en près de 19 mois de conflit, selon l’OSDH. Mercredi, 50 personnes ont à nouveau péri dans les violences, selon un bilan provisoire de l’organisation.

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