L’émir du Koweït a dissous le Parlement de 2009, trois mois après le
rétablissement de cette assemblée par la Cour constitutionnelle, a
annoncé dimanche la télévision d’État. Cette mesure est une
revendication essentielle de l’opposition et va ouvrir la voie à des
élections anticipées, les deuxièmes de l’année et les cinquièmes en six
ans. L’émir, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, a promulgué un décret
portant sur la "dissolution du Parlement de 2009", a indiqué la
télévision. Selon la Constitution, des élections doivent être organisées
dans les 60 jours qui suivent la dissolution du Parlement. Des
ex-députés de l’opposition ont salué la décision de l’émir, qu’ils ont
appelé à s’abstenir de tout amendement de la loi controversée sur le
découpage électoral de l’émirat qui influencerait les résultats du
prochain scrutin. "Le Koweït est devant deux choix : le premier est
constitutionnel et consiste à convoquer de nouvelles élections sur la
base de l’actuelle loi sur le découpage électoral et le second est de
braver la Constitution en changeant cette loi", a déclaré l’ex-député
Moussallam al-Barrak dans un communiqué.
"Un nouveau décret doit être publié pour convoquer de nouvelles
élections sur la base de la loi actuelle", a renchéri l’ancien député
Salem al-Namlan sur son compte Twitter. L’opposition a déjà averti le
gouvernement, conduit par la famille régnante des Al-Sabah, contre un
changement de la loi par un décret de l’émir en l’absence du Parlement,
aujourd’hui dissous. Des opposants ont menacé de boycotter le scrutin en
cas d’amendement de la loi. Le 25 septembre, la Cour constitutionnelle
de Koweït avait rejeté un recours du gouvernement portant sur un nouveau
découpage électoral. Le gouvernement avait demandé à la Cour de se
prononcer sur la loi électorale de 2006, qu’il juge
anticonstitutionnelle, mais l’opposition tient à cette loi qui divise le
pays en 5 circonscriptions, contre 25 précédemment. Depuis six ans, le
Koweït connaît des crises politiques à répétition en raison des disputes
incessantes entre le Parlement et le gouvernement. Le Parlement élu en
2009 a été dissous en décembre dernier après des protestations contre le
Premier ministre, cheikh Nasser Mohammed al-Ahmad Al-Sabah, accusé de
corruption et qui avait fini par donner sa démission.
Les élections qui ont suivi en février ont été remportées par
l’opposition conduite par les islamistes, mais quatre mois plus tard, la
Cour constitutionnelle a annulé le scrutin et rétabli l’assemblée élue
en 2009.
Mercredi, le gouvernement a recommandé à l’émir de dissoudre le
Parlement, l’Assemblée réinstallée n’ayant pas réussi à se réunir faute
de quorum. Membre de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de
pétrole), le Koweït, première monarchie du Golfe à se doter d’un
Parlement élu, connaît des crises politiques à répétition depuis 2006,
attribuées aux luttes de pouvoir au sein de la dynastie Al-Sabah qui
règne depuis plus de 250 ans.
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