Le président égyptien Mohamed Morsi a décidé lundi d’amnistier les
personnes arrêtées pour des actes visant à "soutenir la révolution"
depuis le début du soulèvement qui a renversé Hosni Moubarak l’an
dernier, jusqu’à juin 2012, date de son accession au pouvoir.
Dans un décret publié sur sa page officielle sur Facebook, la
présidence annonce l’amnistie pour les faits "commis dans le but de
soutenir la révolution et réaliser ses objectifs dans la période allant
du 25 janvier 2011 au 30 juin 2012, à l’exception des crimes d’homicide
volontaire".
La "révolution du 25 janvier", pendant laquelle des centaines de
milliers d’Egyptiens ont manifesté sans relâche pour exiger le départ du
régime dictatorial de Hosni Moubarak, a obligé ce dernier, au pouvoir
depuis 1981, à démissionner.
L’amnistie concerne les personnes déjà condamnées par la justice et
celles qui font toujours l’objet d’une enquête ou sont en cours de
jugement, selon le texte.
Ce décret intervient 100 jours après l’accession au pouvoir de
M. Morsi, premier président égyptien à être librement élu. Il est aussi
le premier chef d’Etat islamiste et civil, tous ses prédécesseurs étant
sortis des rangs de l’armée.
Cette décision intervient également à la veille de la commémoration
du premier anniversaire des évènements dits "de Maspero", pendant
lesquels une vingtaine de manifestants avaient été tués dans des
affrontements avec les forces de l’ordre lors d’un rassemblement de
Coptes (chrétiens d’Egypte) qui protestaient contre l’incendie d’une
église.
En démissionnant, Hosni Moubarak avait remis le pouvoir au Conseil
suprême des forces armées (CSFA), junte d’une vingtaine de généraux
présidée par le maréchal Hussein Tantaoui et chargée de diriger l’Egypte
jusqu’à l’élection d’un nouveau président.
M. Morsi a mis à la retraite le maréchal Tantaoui en août et repris à
son compte le pouvoir législatif que le conseil militaire s’était
réservé.
D’abord portés aux nues pour ne pas avoir tiré sur les manifestants
pendant la révolte, les militaires ont vite été très critiqués pour leur
gestion de la transition, au cours de laquelle ils ont jugé des
milliers de civils devant des tribunaux militaires et réprimé des
manifestations pacifiques.
M. Morsi avait déjà ordonné en juillet la libération de 572 personnes
inculpées par la justice militaire et la création d’une commission
chargée d’examiner les cas de civils jugés par les militaires.
L’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International
a récemment appelé M. Morsi à mettre fin à la culture d’impunité de la
police et de l’armée.
"L’armée est retournée à ses casernes, mais les autorités ne doivent
pas s’imaginer qu’elles peuvent balayer sous le tapis 16 mois de
violations qui se sont traduites par plus de 120 morts, des milliers de
personnes jugées par des tribunaux militaires et des centaines de cas de
torture", a déclaré la directrice adjointe d’Amnesty pour le
Moyen-Orient, Hassiba Hadj Sahraoui.
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