L’Algérie s’apprêtait dimanche à rendre hommage à l’ancien président
Chadli Bendjedid, considéré comme le "père" du multipartisme dans le
pays, et décédé samedi plus de 20 ans après avoir quitté le pouvoir.
"L’Algérie perd en lui un moujahid (combattant) de la première heure
dont le souci majeur était d’affranchir le pays des affres du
colonialisme et libérer son peuple de ses injustices, endurant les
épreuves jusqu’à l’indépendance du pays et le recouvrement de sa
souveraineté", a déclaré le président Abdelaziz Bouteflika dans un
message de condoléances.
Chadli Bendjedid, président de 1979 à 1992, est décédé à l’âge de 83
ans des suites d’un cancer. Un deuil de huit jours a été décrété.
Sa dépouille devait être exposée à partir de 13h00 GMT au Palais du
Peuple, une résidence officielle à Alger, pour permettre aux corps
constitués et à la population de se recueillir, selon la présidence.
Une trentaine de hauts de gradés de l’armée attendaient le transfert
vers ce palais de la dépouille du domicile algérois du défunt à El Biar,
a constaté un journaliste de l’AFP.
Un portrait officiel de l’ancien président était posé au centre d’un
hall immense de cette ancienne résidence -d’architecture ottomane- des
gouverneurs d’Alger.
M. Bouteflika devait être le premier d’une série de personnalités à se recueillir devant le cercueil.
Ses funérailles officielles sont prévues lundi après-midi au carré
des martyrs du cimetière d’El Alia, où sont enterrés ses prédécesseurs
Houari Boumediene (1965-1978), le premier président de l’Algérie
indépendante, Ahmed Ben Bella (1962-1965), décédé en avril 2012, et son
successeur Mohamed Boudiaf, assassiné en juin 1992.
La presse algérienne a salué unanimement le rôle majeur du défunt qui
a mis fin en 1989 à 26 ans de règne de l’ancien parti unique du Front
de libération nationale (FLN).
"L’Algérie dit adieu à l’homme des réformes", écrit en Une le
quotidien arabophone El Khabar tandis que le journal francophone
L’Expression salue "le pionnier des réformes".
Chadli Bendjedid, décédé 24 ans presque jour pour jour après les
émeutes du 5 octobre 1988 qui ont au conduit au multipartisme, a été élu
une première fois en février 1979 après le décès de Houari Boumediene.
Il fait libérer rapidement M. Ben Bella, renversé en 1965 par un coup
d’Etat mené par Houari Boumediene, et autorise le retour d’opposants
exilés notamment l’opposant historique Hocine Aït Ahmed, fondateur en
1963 du Front des forces socialistes (FFS).
Réélu en 1984, Bendjedid est confronté quatre ans plus tard à une
révolte populaire contre la vie chère et en faveur de la démocratie qui a
fait près de 500 morts. Les émeutes ont entraîné l’effondrement du
système du parti unique du FLN.
Il est réélu pour un troisième mandat en décembre 1988 et fait
adopter par référendum une Constitution pluraliste en février 1989, qui a
permis la création de plusieurs formations politiques dont le Front
islamique du salut (ex-FIS, dissous) qui militait pour la création d’un
Etat islamique.
La victoire de l’ex-FIS au premier tour des premières élections
législatives de décembre 1991 pousse l’armée à interrompre le processus
électoral et le président Chadli Bendjedid à la démission le 11 janvier
1992.
"Tout le monde pensait que Chadli Bendjedid a été +débarqué" par les
militaires. Je l’ai rencontré deux mois après sa démission, il m’a
confié qu’il avait démissionné de son propre chef", a déclaré dimanche à
la radio l’ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des
droits de l’Homme, le célèbre avocat Miloud Brahimi.
L’annulation du second tour du scrutin que l’ex-FIS était en passe de
remporter a plongé le pays dans une guerre civile qui a fait près de
200.000 morts, selon des sources officielles.
Chadli Bendjedid vient de publier ses mémoires aux éditions Casbah.
Son livre doit sortir le 1er novembre, date anniversaire du
déclenchement de la guerre de Libération nationale en 1954.
L’ancienne puissance coloniale, la France, a salué "la mémoire de
celui qui a dirigé, pendant treize années la République algérienne
démocratique et populaire et qui, à ce titre, a instauré le
multipartisme dans son pays".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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