Deux attentats ont frappé jeudi Damas faisant des dizaines de morts
et de blessés, dernier épisode des violences qui ensanglantent la Syrie
depuis près de 14 mois et laissent la communauté internationale
impuissante.
Ces attaques sont survenues alors que les mises en garde contre une
guerre civile se font de plus en plus pressantes après les violations
répétées du cessez-le-feu instauré le 12 avril, la dernière venant
mercredi du patron de l’ONU Ban Ki-moon après une attaque contre des
observateurs internationaux.
Le chef de ces observateurs, le général norvégien Robert Mood, s’est
rendu sur les lieux des attentats qui ont dévasté le secteur de Qazzaz
dans le sud de Damas, a constaté un photographe de l’AFP.
Les attaques ont eu lieu quasi-simultanément vers 08H00 locales
(05H00 GMT), sur une voie rapide dans le sud de Damas, "au moment où les
gens se rendaient à leur travail et les élèves à l’école", a affirmé la
télévision d’Etat en parlant de "dizaines de morts et de blessés, en
majorité des civils".
La chaîne les a imputées à "des terroristes", le régime de Bashar
al-Assad se refusant à reconnaître la révolte populaire et accusant des
"groupes terroristes" des violences qui secouent le pays depuis mars
2011.
Des restes de corps humains étaient visibles, le sol était couvert de
gravats, et un cratère de trois mètres de profondeur a été creusé.
De nombreuses voitures civiles ont été détruites par les
déflagrations et les façades de certains bâtiments ont été soufflées par
les explosions.
Les services de secours, aidés par des habitants retiraient les corps calcinés de carcasses de véhicules encore fumantes.
Au milieu des destructions, un homme a crié : "C’est ça la liberté
que vous voulez ? Des élèves allant à leurs écoles et des employés à
leur travail sont morts".
Les attentats dont l’un commis à l’aide d’une voiture piégée, ont
visé un siège des services de renseignements, selon l’Observatoire
syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Le dernier attentat meurtrier à Damas remonte au 27 avril et avait coûté la vie à 11 personnes.
L’opposition syrienne accuse le régime d’être derrière ces attentats.
La répression par le régime de la révolte populaire qui s’est
militarisée au fil des mois et les combats entre soldats et insurgés ont
fait près de 12 000 morts depuis mars 2011, en grande majorité des
civils tués par les troupes gouvernementales.
La veille, une bombe avait explosé au passage d’un convoi
d’observateurs internationaux en Syrie, faisant 10 blessés parmi les
soldats syriens, alors que 16 personnes ont péri dans d’autres violences
ailleurs dans le pays.
Ces violations du plan de paix de l’émissaire de l’ONU et de la Ligue
arabe Kofi Annan ont poussé ce dernier à exprimer mardi sa "profonde
inquiétude" de voir la Syrie "s’enfoncer dans une guerre civile totale".
Après lui, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a estimé
mercredi devant l’assemblée générale qu’il craignait qu’une "guerre
civile de grande envergure aux effets catastrophiques pour la Syrie et
la région" n’éclate si les violences ne s’arrêtent pas.
Les deux camps, le régime et les rebelles, "doivent se rendre compte
qu’il ne reste plus beaucoup de temps pour cesser les violences" et
permettre une résolution politique du conflit, a-t-il averti après avoir
indiqué que l’attaque contre la mission de l’ONU pourrait la remettre
en cause.
Cette explosion au passage du convoi de l’ONU, à bord duquel se
trouvait le général Mood, sorti indemne, a eu lieu à l’entrée de Deraa,
bastion de la contestation dans le Sud.
C’était la première fois qu’un convoi de l’ONU est visé depuis le
déploiement des observateurs le 15 avril, pour y surveiller un
cessez-le-feu instauré le 12 avril en application du plan Annan, mais
continuellement ignoré.
Kofi Annan avait reconnu qu’il était "très difficile de convaincre" le
régime et la rébellion de déposer les armes. De fait, la répression de
la révolte et les combats entre soldats et déserteurs ont fait plus de
800 morts depuis le 12 avril, selon l’OSDH.
Pour l’émissaire international, son plan de paix -qui prévoit aussi
le retrait de l’armée des villes et la libération des détenus- est "sans
doute la dernière chance d’éviter la guerre civile".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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