Le programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU a mis en garde mardi
contre le "spectre de la sécheresse" en Syrie, où la production de blé
devrait atteindre un plus bas niveau historique, mettant "des millions
de vies en péril". "On voit maintenant qu’avec ce spectre de la
sécheresse, cette crise de sécheresse qui est en train d’arriver,
notamment dans les gouvernorats du nord-ouest du pays - Alep, Idleb et
Hama -, cela pourrait mettre des millions de vies en péril si cette
sécheresse continuait", a déclaré la porte-parole du PAM à Genève,
Élisabeth Byrs, lors d’un point de presse. "On est très préoccupé par
l’impact sur l’agriculture. On voit qu’avec le conflit les réseaux
d’irrigation ont souffert, les canaux, les tracteurs, le matériel
agricole, tout ça cumule pour donner une idée de la situation qui ne va
pas s’améliorer", a-t-elle ajouté.
Elle précise que le PAM assiste actuellement quelque quatre millions de
personnes en Syrie sur les 6,5 millions qui auraient besoin d’une aide
alimentaire. La porte-parole a indiqué que le PAM n’était pas en mesure
de savoir combien de personnes en plus des 6,5 millions pourraient être
affectées par la sécheresse.
Selon les experts du PAM, les précipitations enregistrées en Syrie
depuis septembre sont en dessous des normales et représentent moins de
la moitié de la moyenne annuelle à long terme. "Les pluies sont de plus
en plus rares. (...) On pense que la prochaine récolte va être bien en
dessous de ce qu’il faudrait pour la Syrie", a relevé Mme Byrs. "Il n’y a
plus qu’un mois de pluie, jusqu’à la mi-mai, et il va y avoir un
problème assez important pour la saison agricole", a-t-elle dit. L’ONU
est d’autant plus inquiète que "les gouvernorats les plus touchés
comptent pour plus de la moitié de la production de blé syrienne". Selon
les experts onusiens, la production de blé devrait atteindre 1,7 à 2
millions de tonnes cette année, soit un plus bas niveau historique.
Avant le soulèvement contre le régime de Bashar el-Assad, 46 % de la
population vivait dans des zones rurales et l’agriculture employait en
2010 15 % de la population. En 2010, l’agriculture représentait 20 % du
PIB.
Pour sa part, une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les
réfugiés (HCR) a indiqué que l’on pouvait s’attendre à un plus grand
nombre de Syriens qui quittent le pays si les pluies ne viennent pas.
Le conflit en Syrie a fait plus de 150 000 morts, selon l’Observatoire
syrien des droits de l’homme. Et, d’après l’ONU, 6,5 millions de
personnes ont été déplacées à l’intérieur de la Syrie et quelque 2,6
millions ont fui le pays, s’installant principalement dans les États
voisins.
(08-04-2014)

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